SECOUSSE

Troisième secousse

Poésie

• Jean-Claude Caër ► En route pour Haida Gwaii

  Ainsi je suis sorti de mes nuits Ainsi ai-je quitté la grisaille de Vancouver Encore quatre nuits avant de m’échapper...

• Henri Droguet ► Huit poèmes

  Sous le ciel il entend tête au sol dégermer le ventru rebut des édredons de feu le brûlot buissonnier l'arbre inverse...

• Luciano Erba ► Un parcours poèmes traduits de l'italien par Gérard Cartier, révision par Elena Luchetti

  Les enfants partis au matin de juin quand l’air sous les platanes semble en lui renfermer un autre air...

• Anthony Hubbard ► Petite suite 

  Je te parle dans la langue des morts Je te raconte mon histoire Dans la langue des ancêtres...

• Friederike Mayröker ► Poèmes traduits de l'allemand par Christine Bonduelle 

  Effrayée quelquefois de l’absence de celui à qui je parle, allongées les folioles jaunes et rouges du robinier flottent par terre, ensuite  par la ruelle jusqu’au CAFE BURGER...

• Jean-Théodore Moulin ► La leçon de Ribérac

  Étendu là j’espère la venue de dame Pierre Attente aussi longue que vaine engoncé dans le froid Plus vaine encore l’image dans la glace...

• Franck Venaille ► Trio

  La mort une fois mise en terre il faudra tout recommencer avec une autre...

Proses

• Ella Balaert ► Monsieur Marcel

  Elle suit, sur la plage, les ridains blonds, serpentins, mi sable, mi sel. Parallèles à la mer, à gauche, et à la digue, à droite. Promenade Marcel Proust. Elle ne l’a jamais lu, ce Proust. Pas le temps se défend-elle en souriant quand l’interroge la propriétaire du meublé...

• Jean-Pierre H. Tétart ► La route d'Éphode

  Un matin, très tôt, Walid, embrasse Svetlana. Les lèvres de Svetlana tremblent. Walid rompt brutalement ce baiser et s’éloigne sans se retourner… La ville est déserte. On commence à grimper vers les crêtes...

Essais

• Spyridon Simotas ► Pierre Michon, la question de la filiation

  À partir de Vies minuscules cette question : « de qui suis-je le fils ? », ne cesse d’être posée par Pierre Michon aussi bien sur un plan biologique, que sur un plan poétique. Dans les livres suivants, Michon préférera une façon de parler plus indirecte...

Aux dépens de la Compagnie

• André du Bouchet ► L'infini et l'inachevé

  Le fragment touche chez lui à quelque chose d'essentiel. Il semble que cette hantise de l'infini, de l'ininterrompu, qui marque si fortement son œuvre, doive toujours aboutir, par une dialectique étrange, à précipiter une sorte d'interruption perpétuelle. Le désir immense de l'éternel, du continu, ne peut se satisfaire qu'en englobant son contraire ...

• Robert Marteau ► Dans l'herbe - Extraits & Note de lecture de Pascal Commère

  Saluons le hasard tout d’abord grâce à quoi ma main rencontra sur l’une des piles restées en attente ledit livre, dont je ne savais rien avant de soulever la couverture, cependant que le titre, pour anodin qu’il soit, orientait ma rêverie vers un univers végétal, d’une tonalité toute champêtre...

Carte blanche

• François Boddaert ► De feu et de couleur
  

  Et passer Rampillon, à l’assaut des côteaux (dure terre par cet hiver de gel) : Mauqueue, Château, Beaulieu, Canonières… Le sarpillon glacé dans la ceinture, le treillot patiemment affûté.

• Paol Keineg ► Sans esprit de retour

  Le journal parle du « rythme des saisons ». Le dictionnaire fonctionnaire raconte que rythme et rime ont la même origine...

• Michèle Le Braz ► Le ventre de granit

  Pendant plusieurs années, je suis allée à la rencontre des derniers héritiers de la culture paysanne sur la côte nord du Finistère. J’étais curieuse de la vie présente et passée de ces hommes enracinés dans le sol natal, là où leurs pères avaient créé et façonné la ferme familiale, le ventre de granit...

• Jean-Loup Trassard ► Entretien avec Anne Segal et Gérard Cartier

  L’ethnologie, ça m’intéressait par rapport au côté réduit, minimaliste, de la vie des peuples dits primitifs. J’ai longtemps eu envie de partir au Sahara et de n’avoir sur moi, avec moi, qu’un minimum d’affaires. Vivant dans une famille bourgeoise, je trouvais qu’on avait trop de choses et j’ai fait mon petit mai 68 tout seul, dans ma tête...

La guillotine

• Gérard Noiret ► L'hypothèse d'une poésie sexuée

  Argenteuil, lycée professionnel Fernand Léger. Cette adolescente dont la colère part d'une révolte contre le sort imposé chez elle par la loi du grand frère, avant de se perdre en fausses antinomies, avant un jour peut-être de se retourner contre elle...

Zarbos

• Gérard Farasse ► Une photo de plus - Sur l'exposition de photos Les grands espaces (Lille)

  On ne peut manquer d’être sensible, plus qu’aux paysages qui s’y déploient, à la fragilité des silhouettes humaines qui les hantent. C’est un homme assis de dos, un peu vouté, à l’extrémité d’un quai qui regarde l’infini marin : il a posé là sa valise...

• Fernand Fournier ► Blancheur éclatante - Une visite de l'atelier de Nathalie Delasalle

  Blancheur éclatante des lieux et des sculptures qui les occupent. Cette couleur, avec sa symbolique, a trouvé dans l’atelier de Nathalie Delasalle son sanctuaire et sa prêtresse. Les œuvres sont posées à même le sol ou sur des tréteaux, suspendues au plafond ou accrochées aux murs, sans souci de hiérarchie ni de mise en scène...

• Catherine Soullard ► C'est très humain, ça - Sur le film La Femme aux 5 éléphants de Vadim Jendreyko

  Cher ami, ne vois-tu pas que tout ce que nos yeux regardent n’est que le reflet de ce que nous ne voyons pas. Cher ami, n’entends-tu pas que tout ce que nos oreilles entendent n’est que l’écho déformé d’harmonies triomphantes. Cher ami, ne sens-tu pas, ne pressens-tu pas qu’il n’y a qu’une seule chose sur terre, ce qu’un cœur peut dire à un autre, en le saluant, sans dire un mot...

Notes de lecture

• Yves Boudier ► Vanités Carré Misère - Note de lecture de Gérard Cartier

  Voilà un livre que j’aurais aimé écrire. Que j’écrirai peut-être. L’hypothèse du livre est que « ces hommes et ces femmes que nous laissons mourir à nos pieds sont les Vanités d’aujourd’hui. Elles nous somment de conjurer la mort pour consentir à nos vies mercenaires »...

• Piero Calamandrei ► Inventaire d'une maison de campagne
  Luigi Meneghello ► Libera nos a malo - Notes de lecture de Vincent Gracy

  Deux livres venus d’Italie nous rappellent ces temps-ci aux devoirs de l’enfance. Quand le monde était plus vif, plus vaste, et sans éclaircissements. Et qu’il fallait chaque matin en reprendre l’exploration où la veille on l’avait laissée...

• André Doms ► L'imparfait de vivre - Note de lecture de Pascal Commère
  

  Faisant suite à Demeure successive, titre commun aux quatre tomes de l’oeuvre poétique d’André Doms, ce livre pourrait apparaître comme un cinquième, tant par son aspect que par la matière qu’il déploie, répartie ici en 99 poèmes occupant chacun le plein d’une page et qui ne sont en fin de compte que les maillons d’un seul et long poème...

• Jean Rounault ► Mon ami Vassia, souvenirs du Donetz
  Herta Müller ► La Bascule du Souffle - Notes de lecture de  François Bordes

  Il s’appelait Rainer Biemel. Issu d’une famille allemande de Transylvanie, il naquit en mars 1910, à Brasov, entre Bucarest et Iassy. À seize ans, il quitte la Roumanie pour venir en France, à Toulouse...

• Evgueni Zamiatine ► L'inondation - Note de lecture de Josette Granjon
  

  Certaines rencontres littéraires sont parfois tardives ; ce fut pour moi le cas de celle-ci. Si vous n’avez jamais lu Zamiatine, il faut commencer par ce petit livre, L’Inondation, écrit en 1929. Dans ce récit tendu et ramassé, Zamiatine évoque le saccage d’une âme, le désastre intime d’une femme basculant vers l’irréparable...