SECOUSSE

Quinzième secousse

Poésie

• Anne Belin ► Notes de Tram-e

  Pina avec ses mains de Christ roman, ses grandes mains parallèles. Quelque chose avec le souffle, avec les coudes...

• Giuseppe Conte ► 6 poèmes traduits de l'italien par Christian Travaux

  J’ai été toutes les saisons pour toi. Et tu ne te rappelles pas le printemps acide, pointu des premiers baisers...

• Fredrik Ekelund ► Autogéographie traduit du suédois par Jean-Louis Galibert 

  tu m’as reçu dans un paysage de lavande, vieil ours sur le point de         quitter ce monde d’ici-bas, « à Paris, on ne voit pas les étoiles », as-tu écrit dans ton premier livre, ici, dans ta vallée...

• Jean-Théodore Moulin ► L'homme de Trieste

  Durant l’hiver que dura notre exil ultramarin Nous avions récité la liste des Nombres premiers Et adressé une courte Supplique au Philosophe :...

• Guy Perrocheau ► En volubilité rencontre

  hors la perspective à jamais d’aventures éblouies c’est l’air à son petit doigt qui nous prend...

• Anne Segal ► Sonnets cognés

  VENT ARRIÈRE, tout bouge dans les combles, le bruit des murs réveille les muscles. Cogne ce qui résiste, hurle la nuit...

Proses

• David Allais ► Balade africaine

  Parfois, la nuit, je me rends au bord de la Méditerranée et je tire l’Afrique jusqu’à moi. Je traverse la grande île et le désert que les arabes appellent désert. Je suis le cours de l’eau, je descends jusqu’à Gao. Le Niger se dresse face à moi, majestueux et fatigué...

• Alain Bonnand ► Vous sur moi, en grammaire

  Le bout de votre nez m’aura donné envie de vos bras... Avec, dans vos premiers messages, un je ne sais quoi d’entraînant, de joueur, de décidé... Et maintenant, vous voulez vous cacher derrière les livres et la grammaire austère...

• Christian Garcin ► Mini-fictions - Photos de Patrick Devresse

  Il appuya le canon encore chaud de son fusil contre le mur et referma la fenêtre. De grandes plumes blanches gisaient éparpillées dans le champ, à quelques dizaines de mètres. Le corps quant à lui était affalé plus loin en une posture grotesque. Il s’assit et se resservit un coup de gnôle. Les anges, ça l’avait toujours fait chier...

Essais

• Vincent Gracy ► Le sourire intelligent - pour Pierre Autin-Grenier

  Le Maître nous saisit par son usage infiniment subtil de la langue, réussissant à en tourner toute la science en limpidité. L’Ami nous attrape par sa vision d’une humanité fraternelle, parvenant à en exprimer l’essence prosaïque sans verser dans la trivialité...

• François Tétreau ► Le Journal de Jean-Pierre Guay

  À 37 ans, un écrivain commence à tenir son journal dans le but de se délittératurer l’existence, c’est-à-dire pour récurer une littérature qui lui colle à la peau depuis quinze ans et recouvrer sa nature profonde, la bête au fond de lui. Ce sont ses intentions déclarées. On verra qu’il n’échappera pas si aisément à son destin...

Aux dépens de la Compagnie

• Paul Claudel ► Lettre à Loys Masson

  L’énonciation poétique ne se passe pas d’un certain rythme, élan, branle, allure heureuse de la parole portée par dessus la terre comme par une aile. Il faut toujours une prosodie, surtout quand on a décidé de ne pas compter sur les doigts...

• Antoine Emaz ► Lichen, lichen

  Me paraissent importer l’émotion (produite par l’expression au plus près possible d’une expérience), et le sens comme connexion possible, même intermittente, entre la langue arrêtée du livre et celle, vive, du lecteur. Partant de là, tout trajet poétique juste devient défendable...

Carte blanche

• François Boddaert ► « Poésie » et cryptologie (prise de bec)

  Au bout du compte, l’un horripilait puis ennuyait, l’autre ennuyait et rennuyait : quel est le plus avant-gardiste des deux ? Peut-être est-ce le destin de ces aventuriers du non-sens que de congeler le lecteur dans la glace de leurs vers, taillés dans la viande froide et dénervée de leur modernité nombriliste...

• Yves Boudier ► La groseille et le sans-abri

  ...nous sommes, il me semble, dans une époque où la préoccupation souvent surinvestie de la forme l’emporte sur le souci du dire et donne lieu à l’écriture de textes qui ne sont, et d’une manière toujours aussi solipsiste, que l’hallucination d’un auteur face à un déficit de pensée...

• Bernard Desportes ► L'écart dans la langue

  En ouvrant cet impératif vital d’infini au cœur de l’homme, la poésie d’André du Bouchet fait voler en éclat le quotidien soumis à la lente et dégradante acceptation du possible. Sa poésie fait de la vie une friche...

• Pierre Drogi ► Trouver le lieu et la formule

  ...le poème apparaît avant tout comme une mise en crise du sens au travers d’un certain régime (étrange) de la parole. Crise panique ? généralisée à tout le langage, ou qui engage toutes les dimensions de celui-ci...

• Antoine Emaz ► Entretien avec Anne Segal et Gérard Cartier

  ...chez Reverdy, par exemple, on avait une sorte d'adéquation, d'égalité entre émotion et poésie. Le poème n'est pas réductible à une pensée, c'est très clair. Il est au delà de ça. Il est une sorte de premier langage après quelque chose qui nous a défait du langage...

• Geneviève Huttin ► Le sens et la particularité

  Mon écriture n’ambitionne que d’être le « document poétique » de cette expérience de se donner une parole à soi, d’être fidèle aux échos transmis, d’en explorer la richesse d’imaginaire, les résonnances actuelles...

• Jacques Kraemer ► Un phare dans la nuit profonde - Propos recueillis par Karim Haouadeg

  ...dès sa naissance et au cours des siècles, le théâtre a prouvé sa capacité à s’emparer des faits historiques, des faits de société. Il continue. C’est ma pratique. Le théâtre a une capacité de suggestion et d’évocation poétiques d’autant plus forte que ses moyens sont archaïques...

• Jean-Paul Michel ► La philosophie ne devrait véritablement être que poétisée

  Ce n'est que par extension qu'un signe verbal peut « faire sens ». Une œuvre de langage tourne une attention humaine vers une figure du possible, sollicite, suggère quand ce n'est pas impose cette figure comme un objet qui la concerne, la requiert, l'appelle...

• Lionel Ray ► L'empire du sens

  J’ai quelquefois parlé du manque : c’est le sentiment profond, viscéral, d’un manque, d’une absence, et entre toutes les formes d’absence : l’absence de sens, qui incite à l’écriture et qui la nourrit...

La guillotine

• François Boddaert ► Un lyrisme titrant

  ...en sept jours d’une Genèse imprévue, ‒ La Grande Nation a-t-elle radicalement évolué ? ‒ S’est-elle transformée ? ‒ Le Vieux pays (Frénaud) s’est-il modifié ? ‒ La République s’est-elle réformée ? ‒ L’État s’est-il métamorphosé ? ‒ La France a-t-elle, simplement, bougé ?...

Zarbos

• Jean-Patrice Courtois ► Le geste de Winogrand - sur Garry Winogrand

  L’énergie de Garry Winogrand est légendaire, comme en témoignent ses 250 000 clichés environ, qu’on mettra face au très petit nombre de livres construits de sa main et face au confinement des photographies au rouleau de pellicule...

• Karim Haouadeg ► Pour un théâtre de la cruauté - sur Histoire vécue d’Artaud-Mômo d'Antonin Artaud

  Une expérience, c’est bien de cela qu’il s’agit, et des plus étonnantes. (...) Le théâtre a à voir avec la magie, l’envoutement, le chamanisme, l’évocation des morts : il se fait toujours pour plus de la moitié dans l’esprit du spectateur, après que le rideau est tombé...

• Georges Monti ► Dans le Sud tunisien

  Dans ce pays où le paysage et le bâti ‒ quand ils ne se fondent pas l’un avec l’autre ‒ attirent presque violemment le regard du voyageur, il est assez tentant de se croire photographe : les images se donnent toutes construites, baignées d’une lumière droit venue de l’Antiquité...

• Catherine Soullard ► Une passion - sur Chemin de croix de Dietrich Brüggeman

  Maria, quatorze ans, vit dans une famille catholique fondamentaliste. Son quotidien est régi par des préceptes rigoristes et inflexibles. Aucun aménagement possible. Harcelée, crevant de solitude, Maria va y laisser sa peau. Chemin de croix, le titre ne ment pas...

• Catherine Soullard ► S'envoler ? - sur Les Chebabs de Yarmouk d'Axel Salvatori-Sinz

  Trouver sa place en tant que jeune palestinien. Trouver un moyen de rester sur la carte et en vie. Par soi-même. On sent bien qu’ils ne croient plus au collectif, presque plus, et que désormais seules les initiatives individuelles permettront à chacun de tenter de s’en sortir...

• Catherine Soullard ► Duellistes - sur Whiplash de Damien Chazelle

  Whiplash n’est pas un film de guerre. Ce n’est pas non plus une histoire de boxe, ni d’amour, ni d’apprentissage. C’est de la sueur, du sang, des larmes. Un rythme et des vibrations. C’est une ardeur à l’œuvre dans des corps, des mains et des regards...

Notes de lecture

• Serge Airoldi ► Ma route est d’un pays où vivre me déchire… - Note de lecture d'Isabelle Lévesque

  Les voyages évoqués sont multiples. (...) Partout des peintres, des écrivains, des poètes, des hommes et des femmes désignés par leur nom, ou plus souvent leur prénom. Ce livre est fraternel...

• Michel Arbatz ► Hourrah l'Oral ! - Note de lecture de François Boddaert

  ...ce volume alerte et militant plaira à ceux qui fréquentent le grand circus des lectures de poèmes et ont tendance à affirmer sans hésiter que le nombre d’auteurs qui « savent » dire leurs textes (ceux des autres aussi bien) est assez restreint...

• Christian Bachelin ► Y seul - Note de lecture de Pascal Commère

  Une écriture magnifique, tenue quoique poussée à l’extrême, à l’image de l’air empli d’une « somptuosité saccagée, déchiquetée ». Un tournis de langue qui alterne le trivial et le sublime. Et, comme dans ses poèmes, des images « entre iceberg et charbon »...

• Anne Bregani ► De brume et de feu - Note de lecture de Karim Haouadeg

  Si la brièveté est un défi (et toute personne qui se risque à écrire le sait), Anne Bregani l’a relevé de la manière la plus brillante, avec un ton, une voix qui ne faiblit à aucun moment, avec une musique qui n’appartient qu’à elle, et avec un sens des formules étonnant...

• Jean-Pierre Chambon ► Tout venant - Note de lecture de François Boddaert

  ...le monde y est perçu aussi bien à l’envers qu’à l’endroit, dans ses évidences matérielles (balançoires, arbres morts, galets…) et ses secrets les plus hermétiquement (et définitivement ?) scellés où le poème, comme une lame, tente de s’insinuer pour l’entrouvrir...

• Hanne Orstavik ► Place ouverte à Bordeaux - Note de lecture de François Kasbi

  ...l’histoire ici narrée serait banale si ce livre n’était une illustration précise, éloquente, irréfragable, du pouvoir de la forme – et de la transfiguration de la banalité́ par le style, et par un regard...

• Lionel Ray ► De ciel et d'ombre - Note de lecture de Gérard Cartier

  Ces « fêtes fragiles » sont mues par un ressort secret, le plus souvent non nommé, peut-être même aveugle à l’auteur. Leur charme, en particulier pour les proses, tient à ce pouvoir d’évocation presque inconscient : énigmes sensibles qui n’appellent pas d’élucidation...

• Franck Venaille ► La bataille des éperons d'or - Note de lecture de Gérard Cartier

  Il y a bien bataille, mais elle est intérieure, de soi contre soi, ou plutôt de l’homme contre l’enfant qu’il fut, contre l’enfant-de-la-douleur-première évoqué dans Chaos (...), du fils contre ses géniteurs...

• Christa Wolf ► Lire écrire vivre - Note de lecture de François Boddaert

  Tous ces textes, d’une belle et fine simplicité, où la mélancolie est toujours sauvée de la noirceur par l’humour, sont, si l’on peut dire, des échantillons de l’authenticité subjective, chère à Christa Wolf, et qui est sa marque...