SECOUSSE

Dans les pas de Bernard Vargaftig
(1934-2012)

i m B V

• François Boddaert ► Faire craquer les ombres 

  Poète d’une certaine préciosité, assez peu conforme à l’époque expéditive, Bernard Vargaftig aura fouaillé son vers en le ciselant – « je sais peut-être ce qu’est un vers… » – autour d’une poignée de mots qui sont autant de concepts que de signaux...

• Béatrice Bonhomme ► Comme si trop d’été explosait 

  Ce gouffre tremblant est la condition de l’écriture donnant sa chance au discontinu et aux tâtonnements qui permettent à tout de toujours commencer, et le poète continue de lutter seul, ou à deux, avec les mots, avec l’amour, contre le loup. Il continue à jouer à loup y es-tu, dans l’intervalle, pour lutter contre l’innommable....

• Jacques Clerc ► Stèle pour Bernard Vargaftig 

  C’était un soir de mars, il restait quelques traces d’une neige tombée récemment dont la blancheur éclairait l’obscurité. Tout à coup, d’un talus recouvert d’arbustes jaillit un oiseau blanc : une chouette, une chevêche, l’effraie… Quelques mois plus tard, le poème...

• Marie-Florence Ehret ► L’amour toujours recommençant 

  Des vers faits de mots que le rythme fait tenir ensemble au mépris de toute grammaire me sembla-t-il alors. Je retrouvai plus tard dans ses poèmes un précipité de lumière ressemblant à cet éclat amoureux qui le porta, je crois, toute sa vie, comme il soulevait son écriture...

• Jean-Marie Gleize ► À jamais sans preuves 

  Sur la photo suivante il est seul avec un arbre, à Sigonce. Je ne comprends pas pourquoi il compte les syllabes, les mots, les lignes, nous marchons vers un arbre et il dit que l’espace est « en nous », c’est un parcours immobile entre les choses qui se dispersent...

• Bruno Grégoire ► Dans l'appartenance pensive

  Et comme Chez moi partout, un peu plus tard je suis à Prague : ...je vous en supplie, si vous entrez dans le vieux cimetière où repose le père du Golem, fermez, oh, ne serait-ce qu’un instant de seconde, fermez les yeux pour moi, comme si c’était moi qui étais à votre place...

• Bruno Grégoire ► L'horizon d'un geste

  ...à l’origine du vertige dont tout ce qu’a écrit Bernard Vargaftig refait immanquablement, inlassablement l’expérience, il y a un train dans lequel il n’est jamais monté. Une gare et sa foule anonyme, parce qu’à un demi-siècle de nous un enfant, en même temps qu’il découvrait le monde, a appris à ne jamais avouer son nom pour rester en vie...

• Jean-Baptiste Para ► Signe de reconnaissance

  Bien souvent, c’est notre vie même qui développe le sens d’un poème – comme, hier encore, dans la chambre noire, on développait le négatif d’une photo. On pourrait d’ailleurs inverser la proposition : c’est le poème qui développe notre vie...

• Jean-Marie Perret ► Autour du JE-poème

  Car qui parle ? Non pas purement JE (grand absent de la strophe), mais en avant, le JE-poème, cette construction naïve du langage qui permet de dire ce qui, percevant, me revient sans qu'un JE (trop lourd ici) doive en répondre...

• Anne Segal ► Passage des origines

  Et le résultat est saisissant : j’y apparais comme enchaînée au cœur de Bernard, posée sur son bras. J’ai mis sous verre cette photographie pour l’avoir chez moi toujours à portée de regard. Elle réclamait une réponse : celle-ci se trouvait dans l’image même...

• Bernard Vargaftig ► Chauve-sourire

  Il neige. La neige criait. Il me semble que c'est depuis toujours que je me raconte comment je vais raconter. Il neige. Je ne sais pas où était mon frère à ce moment-là. Ma mère me dira que c'est un matin où je ne voulais pas aller à l'école qu'ils sont venus nous chercher...

• Bernard Vargaftig ► Dans les soulèvements (lecture par l’auteur, musique David Tuil)

  C’est la même énigme Le désastre qu’aucune image n’emporte La hâte avec l’éraflement pensif...

• Bernard Vargaftig ► Quelle blancheur (poèmes inédits, précédés d'une lettre de Claire Poulain)

  Comment fuir et ne pas fuir Hurlement le tourbillon Un chaos m’agrippe en moi...