SECOUSSE

Sixième secousse

Poésie

• Marie-Claire Bancquart ► 4 poèmes

  Nous nous regarderons sur une pierre mouillée pour que nous revienne un peu des étonnements anciens...

• Vincent Guillier ► 5 poèmes

  Vers la sixième heure tout se prête au murmure Les écailles de nos yeux tombent sous le fouet du matin Tu dors quand je pars...

• Agnès G. Longuera ► Œil pour Œil

  Quel rayon de soleil casse sur ton visage et nomme de plein fouet la pauvre vérité creusée dans les longues nuits d’ivresse...

• François Maurin ► La nuit jaune

  du bout des lèvres le ciel sous la lampe douce lampe dans les blés...

• Alexis Pelletier ► Encore la nuit

  Je regarde la nuit les nuages et je ne sais pas ce qui tremble au lointain les arbres ou le désir..

• Georg Trakl ► 6 poèmes traduit de l'allemand par Jacques Busse 

  Voyageur dans le vent noir ; léger murmure du jonc grêle Dans le calme du marais. Sur le ciel gris Un vol d’oiseaux sauvage se suit ; En travers au-dessus des eaux sombres.

Proses

• France Billand ► Fond d'écran

  Elle s’appelait Jeanne Marietta. Je l’aimais. Farouchement. Elle est morte le 3 juillet 1985 mais, aujourd’hui, je ne vais plus jamais lui rendre visite au cimetière de Brebotte. Aujourd’hui, j’habite dans un écran d’ordinateur...

• Dominique Pernoo ► Noisy l'exil

  Je me promène dans la ville, transparente, mère de famille, étrangère parmi les autres, sillonnant les squares à heures précises, les rues. Les magasins sont mes théâtres, guichets, mairie, supermarchés ! Jusqu’au bout j’expérimente l’insignifiance, l’absence de signes...

Essais

• Vincent Gracy ► Faut-il avoir peur de Gertrude Stein ?

  ...Le visible y est peu de chose par rapport à l’énorme masse invisible (nous n’oserons pas remplacer ces deux vocables, le visible et l’invisible, par deux autres qui leur sont phonétiquement proches, le lisible et l’illisible, mais enfin, il a pu nous arriver de le penser…

Aux dépens de la Compagnie

• Joseph Joubert ► Trois lettres à Fontanes sur l’Université

  On vous fait commettre tous les jours, dans vos opérations officielles, des actes de lésine qu'on ne passerait pas à un auteur de vaudevilles ou de charades. (...) On a vu une tête se secouer, et quelle tête ! La plus longue du Conseil et de l'Institut, la tête de M. Cuvier...

• Bernard de Mandeville ► La fable des abeilles

  Oui, si un peuple veut être grand, Le vice est aussi nécessaire à l'État, Que la faim l'est pour le faire manger...

Carte blanche

• 3 poètes ► Nul ne pénètre ici s'il n'est géomètre...

  A-t-on assez courtisé la Beauté Les uns les cerisiers du mont Yoshino Les autres l’électricité Et tous ad libitum L’éclat aigrelet de leur amie...

• Alexandre Astruc ► Entretien sur Évariste Galois avec Catherine Soullard

  Je voulais montrer qu’on pouvait accéder au romanesque par le biais des sciences. Bernard Palissy est aussi extraordinaire que Rimbaud. Il n’y a pas de différence pour moi entre Évariste Galois, Alexandre Pouchkine et Arthur Rimbaud...

• Alain Connes ► Sur Évariste Galois

  Il est à peine exagéré de dire qu’à 17 ou 18 ans il avait déjà l'essentiel de ses résultats et qu’il a passé les deux dernières années de sa vie, après le suicide de son père, et avant que lui-même ne soit tué, à perdre son temps...

• Alain Connes ► Entretien avec Anne Segal et Gérard Cartier

  Lorsqu'on se pose les bonnes questions, et lorsqu'on suit une trajectoire qui est assez naturelle, on est un peu comme Alice au pays des merveilles : on ouvre des portes sur des mondes qui ne sont pas des mondes connectés au monde physique, qui sont des mondes merveilleux...

• Victor Falgas-Ravry ► Apologie d'un art inconnu

  Les mathématiques qui ne sont pas belles ne peuvent durer et sombreront dans l'oubli auquel leur laideur les condamne. Mais hélas l'art est difficile, et la beauté ne se laisse pas facilement connaître....

La guillotine

• Christian Doumet ► Slam, prière et poésie

  Il est rare que Le Monde honore la poésie de ses colonnes. Les lecteurs sont donc en droit d’être particulièrement attentifs lorsqu’ils y trouvent annoncé, sur le site internet du journal, en date du 16 février dernier, et sous un titre d’allure prophétique, le « dernier poète » en la personne du rappeur, slameur et compositeur Abd Al Malik...

Zarbos

• Jean-Patrice Courtois ► Voir l’énigme de Judith Scott

  Onze objets de cette artiste américaine (1943-2005), née à Cincinatti (Ohio), sourde, muette et atteinte de trisomie, classée dans cette inclassable partie de l’art qu’est l’art brut, attendaient les visites dans une petite chapelle de l’ancien couvent...

• Karim Haouadeg ► La Grande et Fabuleuse Histoire du commerce - sur la pièce de Joël Pommerat

  Joël Pommerat donne l’idée de ce que peut être aujourd’hui un théâtre réaliste au sens le plus noble et le plus authentique du terme. Un théâtre en résonnance avec notre époque, qui châtie, avec humour et légèreté, ce qu’il y a de barbare dans nos mœurs...

• Germain Plouvier ► Metropolis

  Une approche à la manière des missions photographiques du début du vingtième siècle : Prises de vues à la chambre en poses longues, esthétisme et cadrages rigoureux. Cette réalité documentaire est ensuite détournée pour transformer notre vision du quotidien...

• Catherine Soullard ► La désintégration - sur le film de Philippe Faucon

  Ce film noir tient en haleine sur son honnêteté, sa vérité et sa justesse avec très peu de moyens, quatre ou cinq décors, une petite équipe d’acteurs tous plus épatants les uns que les autres, un scénario écrit au cordeau, une mise en scène en épure, tendue et sèche...

Notes de lecture

• Philippe Delaveau ► Ce que disent les vents - Note de lecture de Gérard Cartier

  On peut être insensible – c’est mon cas – à toute « traque de l’éternel », ne pas éprouver le souci d’une vérité supérieure affleurant sous l’apparence, et néanmoins trouver ici son bien. Car la poésie de Philippe Delaveau ne se laisse pas enfermer dans la rhétorique du sacré...

• Patrick Kéchichian ► Paulhan et son contraire - Note de lecture de François Boddaert

  Jean Paulhan (...) choisit alors la dissémination, la dispersion, la variété des registres – bref, l’impossibilité de saisir le tout de l’œuvre (de le saisir, lui), de le ramasser ou le résumer dans une typologie, une qualification...

• Revue L’Œuf sauvage ► n° 10 (automne 2011) - Note de lecture de François Bordes

  L’Œuf sauvage avait cessé de paraître au bout de neuf numéros, à l’automne 1994. Art brut, art hors-les-normes, outsider art, art singulier… peu importent les étiquettes. Initialement, la revue souhaitait s’intituler L’Œil sauvage. Gros yeux d’une publication jalouse et vénérable...

• Serge Sautreau ► L'Antagonie - Note de lecture de Gérard Noiret

  S’il existe des énergies révélées par le surréalisme dont les pouvoirs sont toujours opérants, c’est bien celles de l’umour sans h, de l’écriture automatique et de ce point aveugle à égale distance des contraires dont parlait Breton...

• Eugenio de Signoribus ► Au commencement du jour (1990-1999) - Note de lecture de François Bordes

  Les vrais contemporains sont rares. Les poètes ne font pas exception. Menacés de toutes parts, ils nagent entre deux eaux et naviguent à vue. Oui, à vue : car il est avant tout question de regard et de vision...

• Vincent Wackenheim ► Le silence des mots - Note de lecture de Patrick Maury

  Nous ne saurons donc rien de ce qui a pourtant eu lieu, et c’est sans grande importance, mais soyons plein de gratitude envers l’auteur qui, par une langue d’une grande beauté, nous aura permis de croire un instant que le Temps était soluble dans le silence des mots...